et aux services est parue au JO du 24 juillet 2010.
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Témoignage de David, 58 ans.
Cela fait 30 ans qu'il travaille comme ingénieur en équipement de haute technologie dans un établissement hospitalier, il est fonctionnaire. Depuis 5 ans, il expérimente toutes les phases de la souffrance au travail, et il se sent " aux portes de la folie ". Son métier le passionnait, il devait gérer seul un budget de 4 millions d'euros, alors qu'en moyenne il est de 1 million d'euros et il acceptait de travailler 50 à 60 heures par semaine.
"L'une des plus grandes spécialistes de la maltraitance dans le monde du travail vient de subir un choc à cause de son employeur. Docteur en psychologie, expert près la cour d'appel de Versailles, Marie Pezé tenait depuis 1997, à l'hôpital Max-Fourestier de Nanterre (Hauts-de-Seine), une consultation "souffrance et travail" où elle a reçu des centaines de salariés en situation de détresse professionnelle.
Elle n'assurera plus cette charge. Le centre d'accueil et de soins hospitaliers (CASH) l'a licenciée, il y a quelques jours, pour "inaptitude définitive", comme l'a récemment révélé le site d'informations Rue89. Une mesure prise après des années de bagarre à bas bruit.
Marie Pezé souffre d'un handicap, qui a été pointé à la fin des années 1990 par la médecine du travail. Celle-ci l'a néanmoins jugée apte à poursuivre sa mission au CASH, mais sous réserve de limiter les allées et venues dans l'établissement, d'éviter le port de charges, etc. Au fil du temps, la psychologue a accumulé les pépins de santé - en grande partie à cause de son métier et des conditions dans lesquelles elle l'a exercé. De nouveaux aménagements de poste ont été réclamés par la médecine du travail, par exemple la mise à disposition d'un secrétariat, d'un dictaphone et d'une oreillette pour les conversations téléphoniques.
MULTITUDE DE TÂCHES
Le CASH lui a accordé certains de ces moyens. Marie Pezé a aussi pu compter sur la bonne volonté de plusieurs agents de l'hôpital. Néanmoins, en plus de ses patients, elle a dû endosser une multitude de tâches : ranger des dossiers, répondre au téléphone, organiser les rendez-vous... Ses relations avec la hiérarchie et le reste du personnel connurent des hauts et des bas - surtout des bas, depuis environ un an.
La situation s'est dégradée après le départ, en 2009, d'une psychologue du travail, ce qui a soumis Marie Pezé à un surcroît de travail dans un établissement où le climat se tendait sous l'effet de restrictions budgétaires. A la fin de l'hiver dernier, elle a fait une rechute et pris un nouveau congé maladie de plusieurs semaines. Finalement, la médecine du travail l'a déclarée définitivement inapte à son poste, à la mi-juin.
La direction de l'hôpital lui a cherché un autre emploi correspondant à ses compétences et à son expérience. Sans résultat. Elle l'a donc congédiée, en vertu d'une procédure prévue par le code du travail.
Cette issue "n'était pas souhaitée par l'établissement", souligne Me Anne-Françoise Abecassis, l'avocate du CASH. Selon elle, le licenciement de Marie Pezé est vécu comme "une perte" par les responsables de l'hôpital, puisqu'ils auraient aimé la garder. En raison de son état de fatigue générale, ils lui avaient proposé de "passer en longue maladie, ce qu'elle ne voulait pas", affirme Me Abecassis. A ses yeux, il est clair que la psychologue était demandeuse pour partir du CASH. Marie Pezé, elle, ne veut pas s'exprimer publiquement.
Que va devenir la consultation "souffrance et travail" de Nanterre ? L'avocate l'ignore ; une source proche du dossier assure qu'elle va fermer. Des inspecteurs du travail ont écrit à la direction du CASH pour exprimer leur émoi. Cette affaire, déplorent-ils, "survient alors même que l'actualité tend à démontrer chaque jour un peu plus que le nombre de salariés en souffrance ne cesse d'augmenter".
[ 19/07/10 - 01H00 - Les Echos - actualisé à 00:35:37 ]
L'intense bataille juridique autour de la réforme de la représentativité de 2008 se poursuit. Au coeur des débats : l'avantage catégoriel accordé à la CGC. Le texte prévoit en effet que le syndicat des cadres peut rester représentatif dans une entreprise en y obtenant 10 % des voix aux élections professionnelles dans le seul collège cadres, quand les autres syndicats, généralistes, doivent, eux, obtenir 10 % tous collèges confondus. Vent debout contre la réforme, FO et la CFTC multiplient les attaques juridiques contre le texte et notamment contre cet avantage, en pointant l'inégalité de traitement entre les centrales qu'il induit. Cette épineuse question sera finalement tranchée par le Conseil constitutionnel : la Cour de cassation a en effet estimé, le 8 juillet, que ce point constituait bien une « question prioritaire de constitutionnalité » (QPC) et a donc transmis le dossier au Conseil constitutionnel, qui est tenu de se prononcer dans les trois mois, soit mi-octobre au plus tard.
Cela peut paraître paradoxal, mais la CGC ne verrait pas forcément d'un mauvais oeil l'annulation de son avantage catégoriel. Depuis deux ans, la centrale est divisée entre les partisans du maintien en syndicat catégoriel (emmenés par quelques grandes fédérations) et ceux, direction confédérale en tête, favorables à la transformation en centrale généraliste, via notamment une fusion avec l'Unsa. Après d'intenses luttes intestines, les seconds prennent progressivement le dessus sur les premiers et misent sur une suppression de l'avantage catégoriel pour définitivement l'emporter. Dans un tel cas de figure, la centrale n'aurait, de fait, plus vraiment le choix.